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Patrick Béguinel

Patrick Béguinel

des textes courts, des chroniques, des nouvelles : mon univers...


Un fragment d'inachevé

Publié par Patrick Béguinel sur 20 Juin 2017, 06:46am

Un fragment d'inachevé

Je retrouve parfois dans mes dossiers des textes avortés. Celui-là en fait parti. Pourquoi Diable ne vais-je jamais au bout des choses ? Qu'est ce qui m'empêche, au final, de poursuivre un effort qui semblait partir correctement ? Très enthousiaste au début, dès les trois premières pages écrites, c'est les freins qui réapparaissent : angoisse de la page blanche ? Certainement pas. Manque de temps ? Fausse excuse, du temps, j'en ai, il suffit juste de le saisir. Alors quoi ? Peur que le résultat soit mauvais ? Peur de la confrontation ? Peur d'en dire un peu trop sur moi ? Questions vaines... Je suis tombé sur cet écrit ce matin, alors que j'en cherchais un autre, un que j'avais fini, que j'avais écrit pour un concours de nouvelle et qui n'avait pas été retenu. Du coup, je le relis et me dit que " tiens c'est bizarre, qui  a écrit ça? " Il est toujours étrange de se relire. C'est un peu comme si un fragment de nous s'était échappé pour se retrouver sur le "papier". Quand je relis un texte, j'ai du mal à croire qu'il provienne des engrenages qui tournent là-haut. Allez comprendre pourquoi ?

Bon, je vous instaure un climat de suspens en ne révélant pas mon début de texte. C'est du happening littéraire en somme ah ah ! Je sais que vous êtes au comble de l'impatience, alors je ne vais pas tarder à vous le mettre à la suite, ce foutu fragment d'inachevé.

 

Le texte :

J'attendais dans le couloir que la porte donnant sur la salle de cours s'ouvre. J'étais seul et me demandais si un quelconque cours aurait lieu aujourd'hui. Les examens de fin d'année n'étaient plus qu'un lointain souvenir dont l'issue, pour moi, correspondait à l'obtention du bac. Cela n'avait pas été une mince affaire que d'obtenir ce précieux sésame, mais à force de travail j'y étais parvenu.

J'ignorais pourquoi je me trouvais-là. Je savais juste qu'une irrépressible force m'avait tiré du lit, combien même une grasse matinée s'offrait à moi. Impossible de trouver une explication rationnelle quant à ma présence devant cette salle que j'avais tant fréquentée ces derniers temps.

J'avais pris le bus numéro 28 et j'étais désormais assis par terre, face à la porte 36.2 s'ouvrant sur la salle de sciences physiques, adossé au mur donnant sur le patio « Eiffel ». J'avais mon sac de cours avec moi, mais celui-ci ne contenait que quelques feuilles petits carreaux format 21x 29,7 cm, un stylo à encre noire, une pomme rouge, peut-être une Pink Lady, et mon MP3 qui distillait en continu depuis deux heures la musique des Dead Weather.

Le bahut semblait vide. Je n'avais vu personne à travers les enfilades de couloirs, ni profs, ni élèves, pas plus en tournant la tête vers la gauche qu'en la tournant vers la droite. Je ne voyais pas non plus de personnel administratif ou de préposés à l'entretien des lieux. C'était le désert, il n'y avait que moi et ma musique. Celle-ci, se déversant dans mes oreilles, était la seule source d'une vie extérieure à la mienne.

Dans ce silence de mort, l'électricité des guitares me rendait de plus en plus nerveux, comme si je me trouvais enfermé dans une espèce de quatrième dimension claustrophobe. Ne voir personne à l'autre bout de la perspective en semi-pénombre avait la fâcheuse tendance à me rendre anxieux à l'extrême.

Je n'aimais pas cette sensation, celle de se sentir le dernier être vivant au monde. Cela m'arrivait par moments de la ressentir, souvent le dimanche, pour être honnête, quand les faubourgs de ma citée dortoir étaient délaissés par les passants. À ces moments-là, je n'avais qu'une envie, hurler au monde de se lever, d'envahir les rues pour me prouver que je n'étais pas seul sur cette planète. Bien évidemment, je ne faisais jamais rien de tel, me contentant de retenir ma respiration jusqu'à ce qu'une voiture, un scooter, un chien traverse mon champ de vision...

Cela finissait toujours par arriver mais dans ces couloirs, les courants, les fourmis et les moutons de poussière étaient eux-même aux abonnés absents.

Ainsi, je perdais, au fil des minutes qui inexorablement s'écoulaient, patience et espoir d'une apparition, aussi fugace fut-elle.


Je n'allais pas tarder à quitter ces lieux désolants et désolés. Je me donnais juste un moment, sans véritablement savoir pourquoi. Il me paraissait juste important de le faire et je couvais cela comme s'il s'agissait d'une prémonition capable de bousculer le cours de ma vie.

Pour la cinquième fois de la matinée, Rough Detective égrainait ses dernières notes quand, dans un sursaut, la porte de la salle 36.2 s'ouvrit en grand. Presque aussitôt en sortit Monsieur Legrand, mon professeur de maths. Je n'étais pas surpris outre mesure de le trouver ici car il était très proche du prof de sciences physiques.

Il me jeta un regard entendu, prouvant qu'il n'était pas surpris, lui non plus de me trouver assis devant la porte. D'un mouvement de la tête, il m'invita à le suivre, ce que je fis en me relevant prestement. Je saisis mon sac et partis dans son sillage. Il marchait si rapidement que je dus très  vite abandonner ma démarche nonchalante au profit d'une allure de pas de course.

 

Je ne savais pas encore où tout cela allait me mener pas plus que je savais où il me conduisait. J'ignorais également pourquoi il semblait si peu surpris de me voir alors que l'établissement était fui de toute sa faune habituelle. Qui plus est, je n'avais guère brillé par mes résultats cette année, me contentant de limiter la casse en visant la moyenne. N'étant pas non plus un élève que l'on remarque, un fouteur de merde ou un fayot, j'étais plutôt du genre passe-partout. Je ne comprenais donc pas pourquoi monsieur Legrand semblait si peu surpris de me voir. Pourtant, j'en étais persuadé, il avait quelque chose à me dire, quelque chose que je devinais important...

 

Nous arrivâmes rapidement devant une porte que je n'avais jamais franchie, bien qu'elle fût située dans un couloir que j'empruntais régulièrement. Mon prof m'invita à le suivre à l'intérieur. Il n'y avait pas grand-chose dans cette salle, petite et mal éclairée. Au fond trônait, bancal, un bureau en assez mauvais état. Dessus, quelques feuilles étaient posées dans un désordre apparent. 

Le prof s'assit sur un vulgaire siège d'écolier puis me demanda de me rapprocher. Ce faisant, je découvris que les feuilles étaient en fait des copies, les miennes plus précisément! 


" Tu te demandes sans doute à quoi tout cela rime? Je vais t'expliquer. Je sais que tu me prendras pour un illuminé mais le fait que tu sois là me prouve déjà que je ne le suis pas. Assis toi s'il te plaît."

Je m’exécutais, en silence. Je regardais M. Legrand dans les yeux. son regard bleu acier me pénétrait en profondeur. Je n'arrivais pas à me défaire de lui.


"Tu as pu constater qu'il s'agit de tes copies. La plus récente date de ton passage au bac. J'ai réussi à me la procurer pour pouvoir tout recouper, afin d'annihiler toute mauvaise interprétation."

 

Je gardais le silence. il poursuivit.

 

"Je me livre depuis plusieurs années à une sorte de divination. Celle-ci repose, tu t'en doutes déjà, sur les chiffres et les opérations. Pour être honnête, je ne mélange jamais mon hobby avec mon travail, c'est donc, entre guillemets, le hasard qui nous a réunis aujourd'hui."


Ne sachant où il voulait en venir avec cette histoire de divination, je me contentais de hocher la tête. Ma curiosité était piquée au vif et je restais sagement assis à l'écouter.


"Il se trouve, continua mon prof, que j'ai remarqué certaines séquences, que je qualifierais d’intéressantes, dans tes devoirs. Bien sûr, elles n'auraient jamais dû s'y trouver mais le fait est qu'elle y étaient. J'ai d'abord pensé à une erreur, cela arrive fréquemment. Mais dans ton cas, ce n'en était pas une, car dès le devoir suivant, j'ai remarqué d'autres séquences qui apportaient des éclaircissements à la première série. Cela à perduré sur tous tes devoirs, toute l'année. Dans les premières séries de chiffres, il était noté que l'on se retrouverait ici-même à discuter. Elles ne mentaient pas."


 

Il marqua un silence puis reprit :


 

"J'ai dès lors commencé à décrypter chaque séquence avec méthodologie. Je te passe les détails qui seraient d'un ennui peu commun pour en venir aux faitq. Il me manquait une seule copie, celle qui liait le tout. Cette copie, c'était celle du bac. Elle n'a pas été simple à récupérer, mais elle m'était indispensable pour être sûr et certain de ce que j'ai à t'annoncer. Je n'avais pas le droit à l'erreur tu saisis?"


 

Je hochais une nouvelle fois la tête pour lui signifier que je comprenais tout, bien que je ne sus toujours pas le but de cette discussion.


 

"Aujourd'hui, j'ai en ma possession tous les éléments. Les séquences m'ont révélé quelque chose d'important de vraiment important, mais cela risque de te faire du mal car la révélation est dure à entendre."


 

Il se tut. Je le regardais dans les yeux. Je sentais qu'il attendait de moi une réponse, un feu vert pour me révéler le fruit de ses calculs. J'ignorais s'il se foutait de moi, s'il me prenait pour un pigeon ou bien s'il était sérieux. J'avais le choix désormais : sortir de cette salle sur-le-champ ou attendre sa fameuse "révélation".

 

 

Mon texte s'arrête-là, au moment crucial où tout est révélé au héros. De quoi s'agit-il ? Qu'apprirent les chiffres au fameux professeur "Madame Soleil" ? Y aura-t-il une fin à cette histoire ? Impossible de savoir si je la continuerai. Il s'agit juste d'un fragment d'inachevé.
 

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