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Patrick Béguinel

Patrick Béguinel

des textes courts, des chroniques, des nouvelles : mon univers...


ORIGAMI

Publié par Patrick Béguinel sur 7 Juillet 2019, 13:16pm

ORIGAMI

Il rentrait du boulot, fourbu, rincé. La tête basse, le mal au dos. Il n'en pouvait plus et n'avait en tête qu'une seule idée, bien précise, de ce qu'il allait faire de sa soirée. Il traînait sur le chemin qui le ramenait à son domicile, le pas lourd et l'esprit embrumé par la fatigue. Il ne voyait pas véritablement ce qui se passait dans son champ de vision, dans sa proche périphérie, ni même, cela allait de soi, au-delà. Il ne voyait que le bout de ses chaussures de sécurité. Il avait vaguement conscience de percevoir quelques formes obscures se mouvant quelque part, à proximité, formes mi-inquiétantes, mi-rassurantes. Il souriait machinalement quand il en croisait une, par réflexe, parce qu'il pouvait s'agir d'une connaissance quelconque. Il s'en foutait, du reste, mais il avait appris, bien souvent à ses dépens, que de donner le change pouvait s'avérer positif dans la plupart des situations. Il entendit le klaxon d'une voiture. Il fit un signe de la main, vaguement conscient qu'il venait de traverser un passage pour piétons sans avoir au préalable regardé des deux côtés. Il bredouilla un merci inaudible, même de lui, et poursuivit son chemin, guère plus alerte sur ce qui l'entourait que deux minutes auparavant. Tout cela n'avait aucune forme d'importance.

 

De façon compulsive, il tripotait les clefs de sa maison. Elles se trouvaient dans la poche droite de son pantalon. Il essayait d'en deviner les aspérités, ses petites bosses et ses petits creux illisibles pour quiconque d'autre que la serrure de la porte d'entrée. Il devait toujours manipuler les objets qui se trouvaient dans ses poches. Il s'agissait d'une forme de talisman contre les mauvais sorts qu'étaient susceptibles de lui infliger le monde extérieur. Il ne se sentait bien que chez lui, entre les quatre murs porteurs de sa petite maison. Il n'aimait pas sortir, il n'aimait pas trainer dans les bars, il n'aimait pas la foule. Seule sa solitude lui plaisait. Libre de toute attache affective, il se sentait en totale possession de sa vie, de ses aspirations, de ses envies. Il n'avait pas de femme. Il n'avait pas d'enfants. Il n'avait pas d'amis. Enfin, il connaissait quelques personnes qu'il voyait sporadiquement, lorsque sa solitude s'avérait trop pesante, ce qui devait se produire deux fois l'an, les mauvaises années. Il n'avait pas d'animal de compagnie non plus. Il en avait eu dans le passé, mais ça ne s'était pas très bien passé. Il était trop sensible, il devait se protéger des sensations trop vives sinon ça le ruinait de l'intérieur et il se mettait à déconner sévèrement. Une fois, il avait retrouvé son chat agonisant sur le paillasson extérieur, devant la porte d'entrée. Il avait cru mourir en voyant la petite bête miaulant pathétiquement qu'on la sauve. Il avait essayé de la prendre dans ses bras cette petite bête blessée, mais les pleurs de l'animal lui avaient déchiré le cœur. Il avait donc soulevé précautionneusement le paillasson, l'avait positionné sur la banquette arrière de sa clio et était parti chez un vétérinaire, faisant attention à limiter chaque ornière de la chaussée, chaque accident de parcours qui, à coup sûr, déclenchait des miaulements à fendre le cœur. Arrivé sur place, le véto avait tout de suite pigé que le chat ne s'en sortirait pas. Et lui, il avait vu la sentence dans ces yeux inconnus avant que l'inévitable constat ne tombe. Il s'était enfuie, balançant une liasse de billets dans sa fuite. Il ne voulait pas assister à ça, il ne voulait pas qu'on le voit pleurer, il ne voulait pas, ne voulait pas, ne voulait pas !

 

Ce soir-là, il avait bu, beaucoup, trop, avait déconné à plein pot, avait chahuté des gens dans les bars, dans la rue, s'était fait cogner, avait cogné en retour, s'était retrouvé au poste parce qu'il avait tapé un flic qui tentait de mettre fin à l'altercation. Ce n'était pas la première fois que ça lui arrivait, il savait ce qu'il valait quand il était rond comme une queue de pelle. L'alcool n'était pas son allié. Personne ne l'était. Il était seul. Et ça lui convenait. Il préférait être mort de l'intérieur, ne rien ressentir de fort. Ainsi, les bas n'étaient jamais très bas, les hauts jamais très hauts, tout restait dans une amplitude entre haut et creux de la vague qu'il pouvait maîtriser à sa guise, sans crainte d'une crise impromptue et ingérable.

 

Il reconnut sa rue. Il était trop las pour en ressentir une quelconque forme de joie. Il n'avait qu'une hâte, et celle-ci le fatiguait davantage, c'était de se couler dans un bain bien chaud, de mettre un disque et de s'oublier durant une heure dans ce milieu aqueux protecteur. Il tourna la clef dans la serrure. La denture de celle-ci fut déchiffrée sans soucis par celle-là. Il pénétra dans l'entrée obscure de sa modeste demeure. Il s'y sentit instantanément bien, enfin chez lui. Il se déchaussa, enfila ses claquettes après avoir enlevé ses chaussettes (qu'il jeta d'un geste expert dans le panier à linge sale qui attendait sagement devant la porte de la buanderie), puis se dirigea vers la salle de bain. Il tourna le mitigeur qu'il plaça en position brûlante. Il laissa la baignoire se remplir sans sa surveillance, alla dans la cuisine se servir un verre de jus d'orange, une tranche de brioche et retourna dans la salle de bain. La buée se dégageant de la baignoire rendait l'atmosphère de la pièce surchargée d'humidité. Il avait la sensation d’errer dans un brouillard réconfortant. Il lui faisait penser à celui qui envahissait son esprit depuis plus d'une heure. Il se déshabilla. Il contempla son corps nu dans le miroir. Il était d'une maigreur légèrement flippante. Son sexe pendouillant lamentablement entre ses cuisses le dégouttait.

 

Il se regarda au fond des yeux.

 

Il n'y existait aucune étincelle, ni de joie ni de tristesse, juste un amas de fatigue pesant de toutes ses forces sur ses paupières. Il trempa la pointe de son pied droit dans l'eau de la baignoire. Il ressentit une décharge. Trop chaude, l'eau. Il tourna le mitigeur direction grand froid, attendit quelques minutes, plongea de nouveau son orteil droit dans l'eau pour en juger la température. Comme elle lui convenait, il s'immergea, lentement. Instantanément, il s'y sentit bien. Il prit la télécommande qui se trouvait sur une petite desserte à portée de main et alluma la chaîne qui, quelques secondes plus tard dispersa dans le brouillard de la pièce les notes vaporeuses de la trompette d'Érik Truffaz. Il commença à se détendre, par les actions conjuguées de la musique et de l'eau chaude. Son esprit parti à la dérive. Repenser à son chat ne lui avait pas fait de bien. Il savait qu'il ne devait pas y penser, qu'à chaque fois cela créait un creux trop important dans l'amplitude qu'il essayait de maintenir à une constante satisfaisante. Il avait échoué à l'équilibrer ce jour-là. Trop d'événements s'étaient produits, du genre de ceux qui vous mettent en l'air. Ils étaient responsables de sa lassitude, de son envie de disparaître. Ce sont eux, les événements, les ramifications qu'ils avaient engendré qui l'avaient shooté, rendu hagard, tandis qu'il rentrait chez lui. Il avait pensé, benoîtement, que le bain et la musique effaceraient tout mais cela n'était qu'un leurre de son esprit malmené. Pourtant, il sentait ses muscles se dénouer, son rythme respiratoire se freiner, la torpeur peu à peu envahir son esprit.

 

L'assourdissant silence le réveilla. Le CD s'était arrêté, impossible pour lui de savoir depuis quand. L'eau n'était pas trop froide, sans être encore tout à fait chaude. Il se frotta les yeux, se passe de l'eau sur le visage, essaya de faire disparaître la sensation de bouche pâteuse, les filaments de sommeil encore accrochés à ses cils. Il s'extirpa de la baignoire avec difficulté, son corps rouillé, douloureux à en hurler de désespoir, surtout au niveau des articulations, du dos, des bras. L'eau n'avait pas suffi à le délasser, pas plus que la sieste qui s'était imposée sans qu'il l'ait invitée. Il mit un pied hors du tube, saisit une serviette rêche et s'essuya vigoureusement. Il ne supportait pas que son corps porte une quelconque trace d'humidité. Pas plus qu'il ne tolérait les peaux mortes. D'où la serviette rêche. La peau rougie par la friction, il entreprit de passer un t-shirt et un caleçon qu'il avait au préalable choisi. Il bailla une fois, deux, et se dirigea vers sa chambre. Il n'avait pas faim ce soir-là. C'était devenu chose courante ses derniers temps. Peut-être avait-il senti venir le coup ? Peut-être l'avait-il prémédité ? Toute cette merde au boulot, tout qui était remonté à la surface sans prévenir, tout devait bien avoir une explication logique. Il s'y connaissait peu en la matière. La logique n'avait jamais été son fort. Il s'était toujours contenté de suivre les ordres, de faire ce qu'on lui dictait, sans rechigner, sans se rebeller, sans y trouver à redire. Un fidèle soldat. Toujours. Aujourd'hui, tout était ressorti suite à une remarque anodine.

 

Il avait pété un câble, c'était indéniable, il avait disjoncté des pieds à la tête. Il ne s'agissait pas d'une escarmouche, mais d'une déflagration, celle d'une bombe H. Il avait implosé. Tous ses silences étaient ressortis, en vrac, en désordre, tous n'ayant pas un rapport avec son boulot d'ailleurs. Non, il s'agissait de toutes ses frustrations, de toute une vie passée à se contenter de survivre, à tout essayer de maîtriser pour qu'aucun haut trop haut ne vienne rencontrer un bas trop bas. Toute sa rigueur avait volé en éclat, projetant des shrapnels de sa haine de soi à travers la pièce, écorchant les tympans de ses collègues, blessant grièvement le cœur d'une secrétaire qui passait par -là et qui n'avait rien demandé à personne. Cela avait été violent, trop pour lui, pour eux, pour tout le monde. Vidé, il était sorti de la pièce, avait repris le chemin de chez lui, fonctionnant au radar, n'entendant, ne voyant, ne sentant rien. Ne vivant plus.

 

Il sortit de la salle de bain en oubliant de vider la baignoire. Il n'éteignit pas plus la lumière. Il se traîna sur le linoléum irrégulier jusqu'à la moquette de sa chambre. Un désordre rassurant y régnait. Quelques fringues par terre, des bds, un paquet de biscuits, un cendrier vide de tout mégot puisqu'il ne fumait pas (mais pourquoi y avait-il ce putain de cendrier dans sa chambre déjà?), une ou deux serviettes de bain. Les draps sur le lit s'étaient emmêlés en un savant origami de tissu (on dirait une main, pensa-t-il) qu'il se sentait illégitime de défaire. Mais ses paupières refusaient le combat et menaçaient de se clore une bonne fois pour toute avant qu'il n'atteigne le refuge protecteur de sa couche. Tel un zombie, il s'avança, prit la peine d'enlever son t-shirt, s'assit sur le rebord du matelas, effectua une rotation de 90° dans le sens des aiguilles d'une montre et s'étala de tout son long. Les draps lui glacèrent le dos. Puis très vite ils absorbèrent sa chaleur, la lui renvoyant. Les bras d'abord en croix, alors que ses yeux se fermaient inexorablement, il les ramena sur sa poitrine. Par un jeu de hasard, la pulpe de ses doigts déchiffra le braille de ses côtes. Il était bien trop maigre, mais peu lui importait. Son esprit divaguait, dans cette sorte de semi-lucidité précédant le sommeil, ce moment où l'acuité de tout un chacun se trouvait étrangement démultipliée, alors que le corps se mettait en pause et que le cerveau se vidait d'une journée d'informations ingurgitées bon gré mal gré.

 

Il se souvint des paroles d'un morceau de Mogwai, Hunted by a freak peut-être. Dans ce titre, les paroles sont indistinctes, brouillées par des effets dont les Écossais sont friands dès qu'ils doivent accoucher d'un texte. Pourtant, un soir, à ce même moment charnière entre chiens, loups et cauchemars, il les avait captées, comprises, acceptées. Dans leur totale et indicible beauté. Dans leur non moins totale vérité sur ce qu'est l'être humain, sur qui il était, lui, depuis toujours. Ce souvenir déforma ses lèvres d'un rictus bienveillant. Quiconque l'aurait vu à ce moment précis l'aurait trouvé beau, désirable peut-être. Mais ce sourire s'estompa, ses sourcils se froncèrent.

Ses pensées s'enhardirent, captant le bruit d'un moteur dans la rue, analysant cette sonorité inédite et décrétant que si le propriétaire du véhicule ne faisait pas rapidement un point sur la climatisation du fameux véhicule qu'il devra en acquérir un nouveau, véhicule, sous peu. Il entendit une mouche agoniser, sentit le grincement de son sang se frayant un chemin à travers ses artères, ses veines, ses vaisseaux. Il le sentait, ce sang épais, ou fluide, peu lui importait alors que le sommeil commençait à l'envahir, parcourir son corps, descendre dans ses mollets, dans ses pieds, faire demi-tour au niveau de ses doigts de pied avant de remontrer l'Everest de sa personne, par les cuisses, par le dos, par les épaules, puis tel un feu d'artifice gagner ses bras, ses avant-bras, ses doigts d'un côté, son cou puis son cerveau de l'autre.

 

Un sentiment le gagna. Doucement, sur chaque millimètre carré de sa peau, il sentit la résistance du drap combattre celle de son corps. Et doucement, quoiqu'il fût léger, il le sentit peser sur lui, le maintenant lourdement au matelas. Rien ne fut rapide. Il sentit le drap l'avaler micromètre par micromètre. D'abord, il se contenta de gravir son épiderme de façon superficielle, mais petit à petit, il se plaqua sur ses membres, bras, jambes, fesses, hanches, puis l'enveloppa de plus en plus fermement. Il sentit son corps se contracter sous la pression du drap. Il sentit, il ne sait comment puisqu'il dormait, d'infinitésimales particules d'air s'échapper de son corps. La pression devint étouffante. Ses tissus se nécrosèrent, ses organes cessèrent de fonctionner. Il le percevait mais ne ressentait aucune forme de douleur, ni de panique, ni d'envie de s'extraire de ce cauchemar, car il ne pouvait s'agir que de cela, d'un cauchemar. Il n'essaya pourtant pas de bouger. Cela n'aurait de toute manière servit à rien ; il en aurait été parfaitement incapable. Sa peau se colla peu à peu à ses os, ses reins lâchèrent mais il ne perdit aucun fluide, tout cela était propre, beau, d'une douceur incomparable. Son foie cessa de fonctionner également, ainsi que son pancréas, sa vésicule biliaire, son estomac. Il ne sentit plus son sang circuler dans l'ensemble de son corps, juste sur le périphérique de son cœur, et peut-être aussi de son cerveau. Celui-ci cessa de fonctionner, mais il continua à sentir ce qui se produisait. Il n'aurait su dire comment, la biologie, ou les sciences naturelles n'étaient pas son fort. Son cœur, bientôt captif lui aussi, pulsa ses derniers millilitres de sang. Le périphérique s'était réduit à une avenue, à un boulevard, puis à une rue, une ruelle, deux numéros, une seule adresse, une porte d'entrée, un paillasson, une fibre de ce paillasson, une molécule de cette fibre, un atome de cette molécule. Plus rien.

 

Soucieux de ne pas le voir arriver le lendemain matin, son patron, celui-là même avec qui il s'était emporté la veille, appela chez lui. Il n'obtint aucune réponse. Cela le surprit. Il était au courant que son employé était un homme de devoir, un homme méticuleux, certes pas des plus bavards ni des plus chaleureux, mais quelqu'un sur qui l'on pouvait compter. La veille, il avait été content que son employé exprime ce qui le pesait. Cela faisait longtemps qu'il se disait que quelque chose clochait dans le comportement de son subalterne. Il maigrissait à vue d’œil, sa peau se grisait comme si une pellicule de suie la recouvrait. Il n'allait pas bien, il le savait, il sentait le stress de son collègue, sa détresse, même si jamais plainte d'aucune sorte n'en émanait. Le surlendemain, toujours sans nouvelles, il s'inquiéta et appela à nouveau le domicile de son employé. Pas de réponse. Il essaya de le joindre toute la journée, vainement. Le troisième jour, il tenta encore le coup, avec le même résultat. Il devait se rendre chez lui, pour vérifier, pour savoir pourquoi son employé n'était pas revenu travaillé, pourquoi il n'avait pas appelé pour lui dire qu'il ne reviendrait plus. Avoir une discussion franche était toujours préférable à une fuite, pour les deux parties pensait-il.

 

Sur place, il constata qu'une lumière était allumée à l'intérieur. Il tambourina à la porte, cria le nom de son collègue, puis sans réponses aucunes, il se décida à appeler la gendarmerie. Il expliqua à un officier le déroulé des événements, avec toute la précision dont il était capable. Il pressentait un mauvais geste de son collègue ce qui incita les gendarme à se déplacer. Sur place, ils réussirent à pénétrer dans le logement en cassant une fenêtre. Ils se rendirent d'abord dans la pièce où la lumière brillait, y trouvèrent une baignoire pleine d'eau mais vide de corps. L'eau était d'une couleur normale, c'est-à-dire qu'il n'y avait rien qui laissait présumer d'une incision volontaire des veines. Ils firent le tour de l'habitation, habitation qui était propre, relativement bien rangée pour la maison d'un homme célibataire. Ils finirent par la chambre. Ils y découvrirent un lit défait, dont les draps formaient un étrange origami (on dirait un poing fermé, pensa l'officier qui avait répondu au téléphone), d'où s'échappait une poignée de cheveux, secs comme de la paille.

 

Les scientifiques qui analysèrent lesdits cheveux constatèrent qu'il s'agissait bien de ceux de l'homme. En défaisant les draps, ils y retrouvèrent des ongles et des dents. Tous de l'homme. Ils ne retrouvèrent jamais le corps et l'affaire fut oubliée.

 

L'homme, lui, ne se réveilla jamais. Il se sentait bien où il était. Il n'y avait là ni haut ni bas, juste une constante émotionnelle qui le satisfaisait. Le poids des draps le maintenait immobile, mais il sentait toute sa vie se dérouler intérieurement, sans heurts, sans peine, sans joie non plus. Pour la première fois de sa vie, il se sentait heureux et le savourait.

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